Lescar: ancienne capitale du Béarn.










Lescar, la "Porte de l'Esquirette", XIIè siècle, fermait la ville côté Ouest.


Nous Les Habitants aimons Lescar, ancienne capitale du Béarn.

J'ai eu la chance de visiter le Béarn en juillet 2019 et de découvrir un pays très intéressant où les villes échangent leur importance à tour de rôle. C'est le cas de Lescar, hier capitale du Béarn, aujourd'hui modeste ville de 10000 habitants à peu près. Un ami habitant les lieux, Jean Courrepieds, a eu la gentillesse de m'expliquer un peu le devenir de ce lieu. Moi, saisi par la curiosité, j'ai voulu tout savoir afin de comprendre la symbolique qui entoure les bâtiments.

Nous faisons une balade urbaine en même temps que je reçois une leçon d'histoire de la part de mon ami Jean Courrepieds. 











Nous visitons la cathédrale, impressionnant monument et le musée archéologique. 

Le musée est consacré à l'Histoire de l'ancienne capitale du Béarn: des vestiges mises au jour durant les campagnes archéologiques à Lescar. C'étaient les Vernani qui peuplaient les environs vers le IIIè siècle av. J-C. Cette mosaïque appartient à la villa gallo-romaine Saint-Michel datant du IVè siècle. 









Marques des tâcherons que nous pouvons trouver sur les pierres de taille de la Cathédrale.






Saint Julien.




Ange peint sur l'autel de Marie.







Sainte Thérèse de l'enfant Jésus.




Moi: Jean, s'il te plaît, ici on est en terre romaine?
Jean Courrepieds: Tout à fait, ce territoire avait été occupé par les Romains suite à leur présence sur la côte Méditerranéenne; ils avaient créé du côté de Marseille, la "Provincia romana" ou "Narbonnaise". Ensuite, ils avancèrent vers l'ouest où ils ont rencontré les Aquitains, nous-mêmes, constitués de plusieurs tribus. 

Moi: Ça, alors, les Romains rencontrent des tribus au-delà de la Narbonaise?

Jean Courrepieds: Bien sûr! La Gaule, le territoire français alors, était constituée de plusieurs tribus appelées Les Gaulois.











Moi: Et comment s’appelaient ces peuples?

Jean Courrepieds: ils étaient les Allobroges en Savoie, les Coriosolites dans les Côtes d'Armor, les Bénéharnais ici à Lescar, les Catalaunes en Champagne...

Lorsque les Romains arrivent en Gaule, ils essaient par tous les moyens d'anéantir ces peuples belliqueux qui habitent en Aquitaine. Crassus, lieutenant de César, sera le vainqueur en 51 av.J-C. L'administration romaine s'établira jusqu'en 419. A la fin du IIè siècle, ce territoire s'appelait la Novempopulanie, formé par 9 peuples.
























Sur les chapiteaux du XIIIè siècle se trouvent quelques scènes bibliques telles le sacrifice d'Abraham, Daniel dans la fosse aux lions, Abel et Caïn, Adam et Eve, l'Adoration des Mages, la fuite en Egypte ou le Festin d'Hérode.









Moi: Et quels peuples habitaient le Béarn?

Jean Courrepieds: les Vernais, les Iluronenses (Oloron), les Occidates de l'Ossau ou les Tarbellis (Tarbes) en Orthez.

Moi: Et les Romains ont fait des choses ici?

Jean Courrepieds: Ils ont construit des ponts, des villes, des routes, ils ont établie leur administration... L'occident doit aux Romains "le droit", les lois nécessaires pour gérer un peuple. Là, il y avait un axe commercial très important entre Aquae Tarbelicae (Dax) et Saragosse en Espagne qui traversait le Bénéharnum. A cette époque, les tribus aquitaines étaient agricoles, et les Romains vont introduire la culture céréalière (millet, seigle et orge) et la culture de la vigne sur les coteaux du côté de Salies-de-Béarn et Bellocq. Ça a été toute une révolution économique!!






Voici une scène des Évangiles: Saint Pierre guérissant le paralytique à la porte du Temple. 


Vers le IIIè siècle, l'Aquitaine devient une province autonome appelée le pays des neuf peuples ou La Novempopulanie mais qui en réalité était formé par douze peuples: ce sont les Bigerri, Convenae, Consoranni, Ausci, Lactorates, Elusates, Aturenses, Tarbelli, Boii; Les Vasates, les Illurones et les Venarni ce sont ajoutés en l'an 400. On peut voir encore la trace des Romains dans les noms de villes qui terminent par "-acq"aujourd'hui tels Bénéjacq, Pontacq, Lacq, Claracq, Tarsacq, Sévignacq... 









Du côté nord, se trouve l'autel du Saint-Esprit, un retable réalisé en bois datant de 1761. 






Moi: C'est très intéressant. J'ai remarqué, à propos de cette terminaison par "-acq" qu'en Bretagne cette terminaison est "-ac" comme Loudéac, Moustoirac, Ménéac...







Sur l'abside central, du côté est, on peut voir le couronnement de la Vierge Marie dans son Assomption, une peinture réalisée par Dominique BORDES, frère dominicain en 1649.







Détail du couronnement de la Vierge Marie dans son Assomption.








Abside de la cathédrale.





La Vierge Marie et l'enfant Jésus.





Adoration des Mages.





Jésus et le Sacre-Cœur. 

Jean Courrepieds: Tout à fait, -ac ou -acq provient de la terminaison latine -acum et a une signification localisante entre autres. Il y a beaucoup de toponymes en -ac dans la Charente, la Dordogne, le Lot, le sud de la Bretagne... Mais surtout, cette terminaison est particulière des zones habitées par des tribus d'origine celtique.







Sur le côté nord, on peut voir l'autel consacré à Marie, la mère de Jésus. 


Mais, revenant à l'administration romaine, nos provinces pyrénéennes furent administrées avec prudence et sagesse, sans connaître les rigueurs de la conquête et la soumission. De cette manière, les tribus aquitaines ne participèrent guère dans les conflits engagés ailleurs en Gaule. C'était une terre belle et prospère et les voies romaines ont formé très vite un réseau de communication reliant les principales villes. De Lescar, partait une route à St-Bernard-de-Comminges (Haute-Garonne) qui passait par Tarbes. Quelques villes reçurent des honneurs et devinrent Cités romaines, un titre réservé uniquement à des véritables États et à des grandes agglomérations. Tel fut le cas de Bénéharnum (Lescar) et Illuro (Oloron), des le IIIè siècle. 













Nous arrivons aux remparts et regardons le paysage, les Pyrénées au fond. Ce terrain de sport appartient au lycée Jacques Monod.









D'ici, on a une très belle vue. Au sud, les Pyrénées et l'Espagne de l'autre côté. A droite, c'est le lycée Jacques Gonod, ancien collège des religieux Barnabites.  


A l'époque des Antonins, durant le IIè siècle, par exemple, dans cette terre brillaient les arts.

Moi: il doit en avoir pas mal d'ouvrages encore de cette époque romaine. 







Cette ancienne tour est le siège paroissial aujourd'hui. Nous allons emprunter l'escalier de la petite porte pour descendre et continuer notre visite.



Jean Courrepieds: Tu parles, pas beaucoup... La faute aux guerres, elles sont terribles!! La plupart de ces beaux ouvrages ont été ou mutilés ou ont disparu à cause de l'arrivée des Barbares et les Sarrasins. Mais ce sont surtout les redoutables pirates Normands, destructeurs impitoyable, qui ont emporté la plupart de nos trésors. On a pu retrouver quelques précieuses traces et de beaux débris sous terre, un peu partout, en particulier des belles mosaïques à Bielle, Jurançon, Lescar, Taron…

Moi: Et après les Romains qui ont tout fait, d'autres arrivèrent pour tout détruire...
Jean Courrepieds: Voilà, c'est ça. En début du Vè siècle et jusqu'au VIIIè siècle, des tribus sont arrivées provenant de la Germanie telles les Vandales, les Alains et les Suèves qui, sans aucune pitié, ont ravagé toute cette contrée. Mais si ce malheur ne suffisait pas, ensuite,  sont arrivés les Wisigoths pour la dévaster davantage et même s’établir ici, du côté de Narbonne et en Espagne sous Ataulf, le successeur d’Alaric Ier.







Tu vois, au pied de cette butte, on peut voir les remparts en brique. C'est ici que les Romains ont fondé la Civitas Venearmensium. Après, cette région deviendra Le Béarn.



Moi: Et, qui habitaient ces terres à cette époque? Comment s'appelaient les peuplades? 

Jean Courrepieds: A cette époque, les habitantes des Pyrénées étaient les Navarrais, les Gascons (ou Aquitains romanisés) et les Vascons. Ils avaient un fort caractère et cherchaient à devenir indépendants. Le Béarn a réussi à devenir indépendant en 820 et dans ce pays, à cause des magouilles, bagarres familiales et des intérêts politiques de la noblesse, des graves événements se sont déroulés. 

Les querelles de Louis Ièr le Pieux ou le Débonnaire, fils de Charlemagne, avec ses fils vont bénéficier les ducs de Gascogne qui vont se déclarer indépendants. Ainsi que les Bretons et les Septimaniens, ils refusent de participer à la bataille de Fontanet engagée entre les fils de Louis Ièr. En Aquitaine et dans toute la France, c'est le chaos et le désordre qui règnent et afin de finir avec cette ambiance, Charles le Chauve veut soumettre et punir les rebelles. En même temps, les Normands sont dans le territoire et dévastent les villes, sèment la ruine et la désolation. Ils pillent tout le Sud-Ouest: Bordeaux en 841, Saintes, Limoges, Périgueux, Bazas, Aire, Lectoure, Acqs, Tarbes, Oloron. Beneharnum (Lescar) est totalement anéantie et il ne restera nulle trace de l’ancienne cité béarnaise sauf une petite chapelle en bois appelée la chapelle de St-Jean-Baptiste. On n'est pas sûrs, mais on croit que Lescar a été bâtie sur son emplacement. C'est alors que Morlaâs devient la capitale du Béarn. Malgré la violence des pirates Normands, ceux-ci ne purent jamais s’installer dans le Sud-Ouest et furent chassés par les ducs de Gascogne aidés par les vicomtes de Béarn.







Nous arrivons rue du Parvis où se trouve le Lycée Jacques Monod et une maison de style russe. Ça c'est le portail d'honneur du collège des Barnabites de style toscan.  




Maintenant, Lescar apparaîtra sous Guillaume-Sanche. Il fit construire vers l’an 1000 la magnifique église dédiée à St-Julien et, autour de cette église surgit une ville nouvelle : c’est Lescar. La noblesse béarnaise sera enterrée dans cette église et le premier sera le fils de Guillaume. Sa statue équestre était plaquée en relief au mur de la sacristie mais elle fut détruite pendant les guerres de religion.


Moi: Et à ce moment, tout le monde part en Terre Sainte pour la Croisade.

Jean Courrepieds: Oui, c'est ça, et elle a rapportée beaucoup de bénéfices à la région car à son retour, Gaston IV fut très généreux. Lorsqu'il fonda la cité d’Orthez, il prit la croix et partit pour la Palestine dans la première croisade à l’appel du pape Urbain II accompagné par Raymond comte de Toulouse. De retour, il couvrit le Béarn d’œuvres pieuses, il fonda les monastères et les couvents de Ste-Christine, au-de-là de Somport d’Urdos, de Sauvelade et d’Aubertin; il fut bâtir des hôpitaux à Gabas et à Lescar, dont le rôle était de recevoir les voyageurs et pèlerins qui allaient en Espagne sur le chemin de Saint-Jacques. Il autorisa l’ordre de St-Augustin à s’établir à Lescar avec de dîmes très importantes et fit établir des maisons de lépreux dans les communes, gardées par le clergé. La lèpre à cette époque était un mal très répandu.






Moi: Et qui sont les autres nobles enterrés dans l'église de Lescar? 



Jean Courrepieds: François-Phébus (1470-1483), le premier prince héritier de la Navarre; il jouait très bien de la flûte! Il était le petit-fils de Gaston XI, qui avait épousé Éléonore, fille de l’héritière de la Navarre. François-Phébus fut couronnée roi de Navarre à l’âge de 13 ans, dans la cathédrale de Pampelune, accompagné par sa mère, Madeleine de France, sœur de Louis XI. Ça vie fut très courte, car il est mort empoisonné par ses ennemis à l’âge de 16 ans, au moment où il commençait à jouer de la flûte. Sa mort subite et mystérieuse fut attribuée à une flûte empoisonnée, d'où il savait tirer des sons merveilleux. Et il fut enterré à Lescar.


Aussi, il y a Catherine de Navarre, qui était la plus riche héritière de l’Europe et, bien sûr, elle avait de nombreux prétendants qui la sollicitèrent en mariage. Comme dans la royauté, ce n'est pas les rois qui choisissent, les États de Béarn ont trouvé que le meilleur prétendant était le sire Jean d’Albret, seigneur des Landes. Ce choix mit en colère Jean de Foix, qui était vicomte de Narbonne et l'oncle de Catherine. La jeune reine faillit être victime, ainsi que sa mère, d’une conspiration ourdie par lui avec l’aide des seigneurs de Grammont et de Gerderest ; ce dernier fut découvert et exécuté à Montaner, tandis que Grammont, plus coupable, fut gracié.






En face du lycée, se trouve une maison remarquable du XVIè siècle dite "L'Impériale", son toit est de style russe; c'est une des plus anciennes maisons de Lescar.  




Mariés en 1491, Catherine et Jean partent à Pampelune pour se faire couronner rois de Navarre, un pays alors où se succédaient les luttes intestines entre les familles rivales de Beaumont et de Grammont, familles de maréchaux, de connétables et de gouverneurs.

Mais le roi Jean n'avait trop de caractère pour la guerre et perdit la Navarre espagnole à cause de sa faiblesse, occupée par Ferdinand le Catholique.

Moi: Et Jean et Catherine furent enterrés aussi à Lescar?

Jean Courrepieds: Exactement. Jean et Catherine furent des souverains nobles et justes, aimants du bien et du repos de leur peuple; mais Jean manquait d'énergie pour le combat. Catherine était plus courageuse et parfois lui disait: « Si nous fussions nés, vous Catherine et moi Jean, nous n’aurions jamais perdu la Navarre. »
Dépossédés de leur royaume, Jean d’Albret et Catherine de Navarre furent très malheureux et tristes à cause de la perte de leur territoire navarrais. Pris par la mort, ils furent inhumés dans le royal caveau de Lescar, en attendant l'exécution de la clause testamentaire où ils demandèrent la translation de leurs corps à Pampelune.







Nous empruntons le passage du Pont du Chin, au bout c'est la rue Bié Grande.  






Nous arrivons sur la rue Bié Grande, explique Jean, où se trouve le valoir. Cette rue était une voie importante à l'époque gallo-romaine, reliant l'axe Bordeaux-Saragosse.  




Moi: Et ensuite, qui est le souverain enterré à Lescar? 

Jean Courrepieds: C'est Marguerite des Marguerites, la mignonne sœur de François Ier. Une fille extraordinaire, douée en même temps d’une haute intelligence et d’un esprit délicat; elle était écrivain remarquable, s’entourait de savants et de poètes et dans sa cour accueillait des personnages tels Érasme de Rotterdam ou DesperriersClément Marot l'avait décrit ainsi : « Corps féminin, cœur d’homme et tête d’ange. » C'est elle qui fit faire les magnifiques jardins du château de Pau et les ombrages du Parc. Esprit large et tolérant, imbue de liberté et avide de savoir, elle favorisa le Protestantisme et introduisit la Réforme en Béarn. Elle est décédée au château d’Odos, près de Tarbes, en 1549, et fut enterré aussi à Lescar.
Le dernier à être enterré à Lescar fut Henri II, qui vécut jusqu’en 1555 et mourut à Hagetmau. C'était le dernier vicomte de Béarn inhumé dans la cathédrale de Lescar.






Voici les chemin des Embarrats, ce mot désignant un fossé au pied d'une fortification. Et ici sur notre droite, sur le mur, on peut voir les restes des galets du rempart. A gauche, le Lescourre. Au bout, il y a une fontaine sympa...: la fontaine du Bibé.


Moi: Et le Protestantisme, il fit aussi des ravages dans la région?
Jean Courrepieds: Le Protestantisme a beaucoup choqué à cette époque, car le Christianisme n'avait pas de concurrents sur son territoire. Jeanne d’Albret et Antoine de Bourbon étaient souverains de Béarn et rois de Navarre. Antoine était un prince de beaucoup de courage, mais trahit par un caractère indécis et faible. Afin de reconquérir sa Navarre Perdue, il recherchait l’appui du roi de France. N’ayant pu l’obtenir, il devint le chef du parti de la Reforme. Son épouse Jeanne était un sacré caractère, une femme d’une rare énergie, une maîtresse absolue, sévère dans ses mœurs, austère dans sa vie, qui possédait de grandes qualités politiques. Le poète d’Aubigné disait cela d'elle : « Princesse qui n’avait de femme que le sexe, l’âme entière aux choses viriles, l’esprit puissant aux grandes adversités. » Elle adhéra au calvinisme réveillant des troubles religieux en Béarn et déclenchant une époque de désordres et de désolation sous le nom de « Lou téms de la Réyne Yane ! », qui en occitan veut dire Le temps de la reine Jeanne.







Nous sommes maintenant sur le Pont Lo. Et, tu vois, là c'est la fontaine du Bibé, la dernière, car avant il y en avait sept. Les habitants y venaient remplir leur cruche. Nous descendons par les escaliers.









Moi: Alors, la destruction arriva à nouveau dans la région et pris à nouveau ses droits. 
Jean Courrepieds: C'est le cas de le dire! Les églises furent partout détruites,  pillées et les sépultures violées : la cathédrale de Lescar fut la première saccagée et les tombeaux des anciens vicomtes de Béarn profanés ; personne fut épargné, même celui de Henri II, père de Jeanne. La noblesse, qui était en partie réfractaire aux idées nouvelles du Protestantisme, souleva les Basques et les Navarrais, qui prirent les armes et s’emparèrent de Sauveterre et de Salies. Charles IX fit l'impossible pour détacher Jeanne d’Albret du parti protestant, mais sans aucun résultat.
La paix arriva dans tout le royaume avec Henri de Béarn et de Navarre (Lou nouste Hanric, notre Henri en occitan), Henri IV, roi de France en 1594. Il rendit l’Edit de Nantes en 1598, accordant aux protestants la liberté de pratiquer leur religion. Henri IV n'oublia jamais son origine béarnaise : il était intelligent en même temps que fin et spirituel; son esprit était vif, la répartie prompte, la raillerie facile, mais agréable, comment dirais-je..., quelqu'un d'amical, jovial, affable et franc, un ami sincère, mais rarement désintéressé.









Moi: Sacré souverain..., et sacrée Histoire celle du pays béarnais!! Quels sont les mots qui pourraient définir le Béarn?
Jean Courrepieds: Il existe une petite confusion à cause de ces divers noms : Aquitaine, Béarn, Pays Basque, Basse Navarre… Mais, on peut dire que le Béarn, touristiquement parlant, est un pays à l’aspect moyenâgeux dans un magnifique décor montagneux pyrénéen, avec ses teintes particulières de bleus et de blancs, ses vertes prairies... 
L'écusson de Béarn parle de lui-même: là, se trouvent les Vaches de Gueules clarinées d’azur, témoignant de la vie pastorale du peuple tel que César l'a cité dans ses Commentaires. Ces vaches marquent évidemment l'origine pastorale des Béarnais, mais aussi il existe une légende qui pourrait expliquer cela :
Jean Courrepieds arrête un peu son souffle et regarde vers le ciel bleu de ce soir déjà presque couchant, comme s'il cherchait l'inspiration quelque part là-haut. 







On appelle ça "les murs des galets", ce sont les restes d'une ancienne usine de bérets en activité jusqu'aux années 1960. 




Jean Courrepieds: Un jour, le soir, lorsque le soleil tombait sur les collines, deux vaches blanches et brunes marchaient lentement à travers les campagnes. Elles transportaient sur son char le Vicomte qui allait visiter son peuple et ses états. Soudain, un grand cortège apparu à l’orée d’un bois géant : des prêtres portaient avec respect le corps de saint Volusien, martyr de Guyanne, qui avait été massacré par les Ariens. Le Vicomte, sans hésiter, descendit et se prêta à aider les prêtres de ses propres mains tout en déposant les dépouilles vénérées sur son char; puis se joignant à la foule, il accompagna le cercueil où se trouvait celui qui venait de mourir en pleine lumière de foi, comme maintenant le soleil commence éteindre ses rayons  dorées. Afin de remémorer cette pieuse rencontre, les deux vaches forment partie des figures de notre écusson, placés par le seigneur Vicomte.

Moi: Et cette belle cathédrale que nous avons visité tout à l'heure, elle n'est pas en granit, car ici c'est la terre du calcaire.







La fin du chemin nous conduit sous un porche: l'entrée au chemin de Labanère. Et à gauche se trouve "le mascaron Bacchus", dieu romain du vin et de la fête, un souvenir de l'époque gallo-romaine. Il avait une utilité, explique Jean Courrepieds, car il était censé écarter "le mauvais oeil".









Jean Courrepieds: tout à fait, c'est du calcaire. L'évêque Jean de Bordenave1 en parle dans son livre,  « Cathédrales de France » de 1648.
Lescar est une ancienne ville détruite par les Sarrasins située sur une colline sur la plaine du Gave. Elle a été très cruellement traitée durant les guerres de Religion et  elle a perdu son importance lorsque son évêché a été supprimé en 1790. Cette cathédrale fut construite au XIIè siècle, et fut en partie remaniée au XVIIè comme on peut le constater par l’inscription de la façade : Phoebus me refecit, anno 1635. Un ancien collège des Barnabites, de style toscan, a été occupé par une école normale d’instituteurs jusqu'à les années 1960, je crois, et aujourd'hui forme partie des bâtiments du lycée Jacques Monod. 










La rue à gauche est la rue Callebraque, la rue courte en occitan. Auparavant, il y avait un temple protestant d'après les documents datant de 1643.



Moi: Mais, Jean, le nom Béarn, ça vient d'où?
Jean Courrepieds: Ça vient de l'époque romaine, ce nom Béarn. Il dérive de Bénéharum, qui était la capitale de la Civitas Bénarnésium romaine, ville importante car déjà mentionnée dans l’itinéraire d’Antonin au IIIè siècle. Grégoire de Tours en parlait aussi dans son Historia Francorum2

Moi: Et le nom Lescar, alors? 

Jean Courrepieds: Lescar veut dire ville aux nombreuses sources. Vers le Xè siècle, il parait qu’il y a eu à Lescar une église-cathédrale, probablement dite Sède, comme Sède, la cathédrale de Tarbes, Séo en Espagne, la cathédrale de Saragosse, la Séo d'Urgel, etc. Les cartulaires parlent d'un baptistère qui a été découvert, alimenté probablement par une source miraculeuse appelée Hount-Saint-Jean (fontaine Saint-Jean). Charlemagne aurait fondé la cathédrale de Lescar suite à la destruction de Bénéharnum.









Les maisons remarquables témoignent d'une ancienne prospérité, lorsque Lescar était la capitale du Béarn.


Toutefois, le nom primitif de la ville est Lascurra4, un nom qui témoigne bien d'une origine gauloise. L'église Notre-Dame est une cathédrale de style roman, est une des plus pures des Pyrénées. Lascurra5 et Illuro (Oloron) sont les deux évêchés cités tout au long de l’histoire du Béarn. Lorsque grâce à l’édit de Nantes la France resta pacifiée, Henri IV rétablit le culte catholique dans le Béarn et replaça les évêques d’Oloron et de Lescar à la tête de la hiérarchie Béarnaise.


J'ai consulté les anciens archives de la région et dans un intéressant article du Mémorial des Pyrénées, j'ai trouvé quelques détails qui pourraient être intéressants: Les Romains, après la conquête, auraient donné à Montréjeau, en Béarn, le nom de Bénéharnum (village de la tribu gauloise des Béharni ou Vénarni), afin de le distinguer de Montréjeau, en Comminge. L’origine de ce Montréjeau est très ancienne, dit le Mémorial, et elle s’appelait d'abord Ville Royale, un établissement déjà important car les Romains firent aboutir un carrefour de plusieurs grandes voies. On a trouvé des sépultures6, appelées Turons, en forme de petites Pyramides, dont une existe encore à Labastide-Cézérac (ancien territoire du Montréjeau), témoignent de l'antiquité de ce lieu, où se trouvent, pas loin, les restes d’un camp romain ; on croit, on suppose que c’est là que le lieutenant Crassus défit les Aquitains.







Nous arrivons à la cathédrale, point de notre départ pour finir notre rencontre.

Nous avons parcouru un peut les coins de Lescar en même temps que Jean m'expliquait le devenir du Béarn. Maintenant, nous sommes sur les remparts de la ville, face aux Pyrénées, à l'heure où le soleil prend déjà son repos, vers 20h. Il a fait très chaud car nous avons eu quelques jours de canicule.

C'est Loup Fort, chevalier Gascon, qui donna son nom funèbre à Morlaâs ou Mourt-qué-las. L’an 1031, en plein concile de Limoges, un des assistants raconta la douloureuse aventure de ce chevalier qui, par ordre de Guillaume Sanche, comte de Gascogne, et ensuite sur les conseils de l’évêque Arsia Raca, se retira dans une épaisse forêt, in civitatem quae dicitur Lascurris (dans la circonscription où est Lescar), afin d’y faire pénitence. Dans cette forêt Loup Fort n’y trouvant qu'une petite chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, fit construire un monastère, dont il fut abbé. La chapelle du monastère deviendra plus tard la cathédrale Notre-Dame de Lescar.




Entrée sud de la cathédrale.


Presque la nuit tombée, nous continuons notre soirée à pied après avoir visité la cathédrale une dernière fois. Il y a quelques travaux dans la ville afin d’aménager et moderniser l'accès au centre ville et de nouveaux pavés ont été fixés.

Ouvrage consulté:
Barou LE BOEUF, in "Légende historique du Béarn", Paris. 1905. BNF Gallica.
1 Deux Bordenaves se sont fait un nom comme historiens du Béarn. A côté d’eux, nous trouvons Oyénart, Olliagaray, Mirasson, Poeydavant, Laclède, Bela, Faget de Baure ; en tête du savant cortège, Marca.
2 Legrèze, Ch. de Pau, page 215.
4 Ainsi appelée, dit Marca, de Lascura : nombreuses sources qui arrosaient la ville.
5 Lescar, ancien chef-lieu de canton de l’arrondissement de Pau, fut un centre important jusqu’à la Révolution.
6 Ces sépultures étaient des Turons. On appelle Turons des monticules de terre de dimensions diverses, en forme de cônes tronqués. D’après M Céac-Moncaut, les Turons étaient très nombreux à Montréjeau. Dans ces Turons, il y avait deux vases en terre renversés l’un sur l’autre et contenant des cendres mortuaires. (Bénéharnum, Mémorial, 14 et 15 août 1904.)

D'autres ouvrages consultés:

Dépliants à la disposition du public à l'office de Tourisme de Lescar: "Cathédrale de Lescar," "Balade urbaine" et "Musée de Lescar. Histoire de l'ancienne capitale du Béarn."

Merci beaucoup au personnel sympathique de l'Office de Tourisme de Lescar.
 
 

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Images prises le 12 et 28 août 2019 à Lescar 64230


©José María Gil Puchol Productions

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