La gare internationale de Canfranc




La gare internationale de Canfranc.




La gare internationale de Canfranc.

Nous, Les Habitants, aimons la gare de Canfranc.



Campum Francum, Canfranc ou champ franc, était la porte d’entrée à 1144 m d’altitude dans le département de Huesca, région d'Aragon, entre l'Espagne et la France par les Pyrénées. Ses habitants, depuis le Moyen Âge, avaient le privilège de faire payer un droit de péage sur les marchandises et les bêtes qui traversaient le pont des pèlerins à Canfranc. Dans cette ville frontalière, se trouvaient un moulin, le bureau d’échange et l’auberge des pèlerins du Chemin de Saint-Jacques après la traversée du col du Somport ou Sumus Portus.





Tunnel ferroviaire du Somport.





Le 13 novembre 1853, les Aragonais publièrent le manifeste « Les Aragonais à la nation espagnole » dans le journal aragonais Heraldo de Aragón où ils demandaient l’entrée de l’Espagne en Europe par les Pyrénées centrales. Ils voulaient ouvrir la ligne Madrid-Paris d’après un projet réalisé par la Sociedad Económica de Amigos del País à Saragosse. 

Le chantier débuta en 1908 et la gare fut inaugurée le 18 juillet 1928 grâce à l’entêtement du peuple aragonais qui rappelait sans cesse au gouvernement espagnol, à force de manifester, la réalisation du projet. La bourgeoisie aragonaise, notamment celle de Saragosse, demandait l’ouverture d’une ligne ferroviaire Saragosse-Pau par Somport. 




Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019. En noir, le président de la République Française Gaston Doumergue et le roi Alfonso XIII à droite







Vidéo du discours de la conseillère du gouvernement d'Aragon.




Les travaux pour la réalisation du bâtiment de la Gare Internationale de Canfranc, dessiné par l’architecte Fernando Ramírez de Dampierre, débuta au lieu-dit Los Arañones, près de Canfranc, en 1921 et dura quatre ans. Ce bâtiment, de 241 mètres de long, a 75 portes de chaque côté et autant de fenêtres que jours de l’an. A cette époque, elle était la deuxième plus grande gare d’Europe. Elle est composée d’un bâtiment principal, des quais pour décharger le précieux wolframium que Franco vendait aux Allemands, le fer et le stockage de machines. Les grandes fenêtres, les piliers au goût classique et le travail en bois taillé au style déco créent un espace somptueux. 



Discours du roi Alfonso XIII.




 Vidéo ci-dessus du discours d'Alfonso XIII le jour de la recréation de l'inauguration de la gare de Canfranc le 18 juillet 2019.
















Discours du président de la République Française Gaston Doumergue le jour de la recréation de l'inauguration de la gare de Canfranc le 18 juillet 2019.




Vidéo ci-dessus du discours du président de la République Française Gaston Doumergue.















Le corps central est consacré aux passagers, tandis que les bâtiments latéraux sont occupés par la douane, le commissariat, la poste et un hôtel international. Entre les quais, il y avait deux passages souterrains. Le toit du bâtiment était couvert d’ardoises et les deux premiers étages étaient décorés d’arcades plein cintre sous chaque corps de fenêtre. La Gare Internationale ferroviaire de Canfranc est le brillant résultat architectural d’un projet de communication qui a marqué l’histoire au début du XXè siècle dans le domaine de l’ingénierie et du transport. La traversée des Pyrénées par un tunnel ferroviaire était le grand souhait de l’Aragon espagnol et du Béarn français depuis la moitié du XIXè siècle et visant cette idée, pendant des décennies, ont été investis des efforts considérables et de l’enthousiasme à l’infini. 




Vue du vestibule restauré. Visite guidée. 15 juillet 2019.




A droite, accès au quai espagnol et à gauche accès au quai français.












Ensuite, il fallait construire un hameau au lieu-dit Los Arañones pour loger tous les employés autour de la gare, étant donné que la ville de Canfranc était à 4 km plus au sud, sur l'Aragon. A Los Arañones, une vingtaine de bâtiments furent construits, un hôpital, une école et une chapelle qui ne suffirent pour héberger tous les voisins lors de l'incendie que ravagea plus tard la ville de Canfranc.





Participants du mouvement "Teruel existe" demandant le développement de la province de Teruel. Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.





Ce rêve de relier les deux côtés se réalisa le 18 juillet 1928, jour où furent inaugurés la Gare Internationale et le trafic ferroviaire Saragosse-Pau (un chantier colossal qui dura presque un demi siècle) par le président de la République Française Gaston Doumergue et le roi Alphonse XIII. Pour cette nouvelle ligne, 24 tunnels et 4 viaducs furent construits; pendant les travaux de terrassement, le lit de l’Aragon fut détourné et canalisé pour dégager de la place pour le bâtiment de la gare qui se trouve à 1144 mètres d’altitude. Afin d’éviter les avalanches, le service hydrologique espagnol consacra plusieurs années au reboisement des montagnes autour de la zone de la gare.


 

 

 


Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.

 


L’histoire de cette ligne ferroviaire a été caractérisée par l’instabilité et l’infortune. Elle a vécu les temps glorieux d’une grande activité (surtout pendant la Seconde Guerre Mondiale) et les périodes où l’afflux de passagers et de marchandises était au plus bas.


 

 


Wagon. État de la gare en août 2016.

 

 

 


Entre 1940 et 1945, la ligne Saragosse-Pau a vécu une période d’une extraordinaire activité. La destruction causée par la Guerre civile espagnole dans les ports de Port-Bou et Irun avait augmenté considérablement le mouvement commercial à Canfranc. Chaque jour, arrivaient un train de passagers provenant de Valence et un autre de Madrid reliant celui de Lisbonne, de sorte que le Portugal avait une liaison directe avec la France.


 

 

 


Entrepôt. État de la gare en août 2016.

 

 


En fait, cette route était d’une grande importance pour l’évasion, depuis la France vers l’Espagne, des juifs recherchés par les Nazis, des agents et des pilotes alliés ou des résistants engagés sur le territoire occupé. Mais par Canfranc, pendant les années de la Seconde guerre mondiale, sont passés des milliers de passagers et des tonnes et des tonnes de toutes sortes de marchandises sortant d’Espagne vers la France ou vers le IIIè Reich tels le fer, le vin, le blé et rentrant vers l'Espagne comme l’or nazi provenant de la Suisse.







État de la gare en août 2016. Elle est à une altitude de 1144 mètres.



Cependant, cette importante activité fut subitement interrompue pendant la guerre civile espagnole. La Seconde guerre n’était pas encore finie lorsque la douane internationale et la frontière franco-espagnole furent fermées jusqu’en 1940, année où la frontière fut ouverte à nouveau mettant en évidence l’isolement national et international imposé à l’Espagne pendant cette période.


 

 

 


Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.

 

 

 


Cette réouverture de la frontière aboutit à une normalisation du trafic sur la ligne ferroviaire, bien que pendant les premières années les échanges furent très maigres. En fait, c’était pendant les années 50 que le trafic de marchandises jouit d’une nouvelle période de prospérité grâce aux exportations de produits agricoles provenant du levant espagnol. Cependant, le refroidissement de quelques marchandises arrêtées à la douane pendant quelques jours en hiver, le manque d’application des tarifs spéciaux à Canfranc et l’absence de garages permettant le changement des essieux des trains ont provoqué la chute du trafic dans les années 60. Le 27 mars 1970  un train français chargé de maïs dérailla sur le pont de l’Estanget, sur le versant nord: ce malheureux accident provoqua la fermeture définitive du trafic international. Depuis, sa réouverture est devenue une éternelle revendication de la part des habitants des deux côtés de cette chaîne montagneuse.  








Groupe de jota aragonais. Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.








Ci-dessus, participation du groupe de jota.




La ligne Saragosse-Pau rapporta de grands bénéfices depuis 1928 et en 1970, la France décida de la fermer suite au déraillement de la locomotive chargée de maïs sur le pont de l’Estanget. Des manifestations en faveur de la réouverture de la ligne se succédaient du côté espagnol, mais la France ne voulut plus rien entendre de cette ligne et ferma le morceau Oloron-Bedous. Les Français ne voulurent pas réparer le pont de l’Estanget et remplacèrent le train par un car de ligne.






Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.





L’or des Nazis à Canfranc.





Un jour, le français Jonathan Díaz, conducteur du car de la SNCF Oloron-Canfranc, visitait comme d’habitude les quais de la gare de Canfranc un jour de novembre 2000. Il avait entendu les histoires que les anciens voisins de Canfranc racontaient sur l’or qui venait de la France par train surveillé par la Guardia Civil, les gendarmes et les soldats allemands, chargé ensuite dans des camions suisses garés dans la gare. Il prit du sol quelques papiers qui se trouvaient épars et " je vis le timbre d’une lettre à l’effigie de Pablo Iglesias jeté sur les voies et je croyais que c’était Alfonso XIII à la barbe. Je pris la lettre et d’autres documents qui se trouvaient en dessous, jonchés du côté des wagons abandonnés, et les gardai dans ma poche." 


Chez lui, Jonathan commence à lire les papiers : « Importation de lingots d’or », le fameux or dont les vieux de Canfranc avaient parlé. Le lendemain, il chargea dans sa voiture tous les sacs qu’il a trouvés épars dans la gare pleins de documents : ils étaient humides, rongés, collés les uns les autres et assez abîmés à cause du temps. Ces documents étaient des copies sur papier pelure d'oignon, jaunis à cause du temps et abîmés car ils ont été pendant 60 ans dans un entrepôt à la merci de la neige et du froid.






Wagon de passagers. État de la gare en août 2016.



Travaux de rénovation juillet 2019.








Travaux de rénovation juillet 2019.







Les habitants de Canfranc ne voulaient parler de cette affaire car ils étaient effrayés par la répression franquiste, mais, sans le savoir, Jonathan a ouvert une armoire de l’histoire qui était fermée.


Travaux de rénovation de la gare en juillet 2019.





Cette info a fait le tour de l’Europe et ces documents sont les seuls documents officiels d’un poste douanier espagnol reconnaissant le passage d’or nazi vers le Portugal et l’Espagne en 1942 et 1943. L’historien Gian Trepp explique en détail qu’après l’occupation de la France par le III Reich en juin 1940, l’or allemand déposé en Suisse à nom de la Banque du Portugal commença à voyager en camions suisses marque Saurer de Berne à Lisbonne par Canfranc, pour continuer vers Badajoz et Lisbonne. Dans son rapport, Trepp dit que fin 1941 et début 1942, la Banque Internationale de Paiements de Zurich organisa le transport de 20 tonnes d’or vers Lisbonne pour un montant de 100 millions de francs suisses. Cet or allemand servait à payer aux pays qui ne participaient pas dans la guerre, comme l’Espagne et le Portugal, le wolframium et le fer nécessaires pour blinder et entretenir les machines de guerre nazies. Les Alliés avaient déjà interdit le commerce du wolframium, un minerai stratégique qui servait bien à Hitler, ce que prolongea dangereusement la fin de la guerre.





État de la gare en août 2016.







Grâce à ces documents, on peut constater que du 16 juillet 1942 au 27 décembre 1943, 86,6 tonnes d’or ont été transportées à travers la frontière de Canfranc en 45 voyages en train provenant de la Suisse, dont 74,5 tonnes sont allées au Portugal et 12,1 tonnes sont restées en Espagne.   





Vue panoramique de la gare en juillet 2019.




Mais les camions suisses transportaient aussi d’autres choses que de l’or : c'était des œuvres d’art produit du saccage nazi en Europe acheminées vers les pays où s’installèrent les Nazis exilés en Amérique du Sud. Salvador García Urieta escortait à cette époque les camions et dit: « mes collègues me racontaient qu’ils transportaient de l’or et que dans les camions il y avait aussi des œuvres d’art vers le Portugal. Ensuite, ils rentraient chargés de serviettes et du vin du Portugal pour leurs familles. » 





Fanfare de Jaca. Représentation de l'inauguration de la gare de Canfranc. 18 juillet 2019.





D’après un rapport de Miguel Martorell Linares, professeur des Sciences Politques de l’UNED en Espagne, le citoyen allemand Alois Miedl, protégé de l'officier allemand Herman Goering, à transporté par la frontière d’Irun un tableau de Van Dyck, deux Corots, un Franz Hals et un David provenant de la Hollande. Il y a des documents où sont enregistrées quatre cargaisons de montres pour un poids de 10 tonnes arrivées à Canfranc vers le Portugal en 1943. Ces montres viendraient des camps, où les objets des juifs étaient réquisitionnés et exportés ailleurs. Santiago Marraco, fils des propriétaires de l’hotel à Los Arañones, raconte qu’à l’époque les gens ne parlaient que de montres mais aussi de dentiers, de lunettes et de lingots fondus avec les objets volés aux juifs dans les camps.





Le Courrier Indépendant de Loudéac du 7 juillet 2017: article consacré à mon expo photos.





Les œuvres d’art volées par les Nazis en Europe arrivaient dans ces camions capables de transporter 10 tonnes; ensuite, elles étaient chargées dans des camions du Syndicat de Transports de Suisse installés à Canfranc. Les conducteurs suisses résidaient dans les hôtels à Canfranc et avaient leur propre station de service à eux pour faire le plein de carburant.  



Travaux de rénovation juillet 2019. Vue du quai coté espagnol.
 

 


Canfranc : une voie vers la liberté. Albert Le Lay (1899 - 1988).

La gare aragonaise de Canfranc était aussi le chemin le plus court à travers les Pyrénéens Centrales vers la liberté pour tous ceux qui étaient recherchés par les Nazis. Les Allemands occupaient le côté français de la gare, la partie est, située à 8 km à l’intérieur de l’Espagne. Des voyageurs et des marchandises s’entremêlaient à 1144 mètres d’altitude pour rejoindre le Portugal ou Algéciras et partir vers l’Algérie ou les États-Unis lorsque le côté français n’était pas encore occupé par les Allemands. Alors, des milliers des Juifs traversèrent la frontière par Canfranc pour prendre le train vers Lisbonne. Plus tard, les Allemands arrivèrent et d’autres n’eurent pas les mêmes opportunités de pouvoir traverser la frontière : soit ils n’avaient pas de documents, soit ils allaient à pied, soit ils étaient empêchés d’entrer ou bien ils périrent dans les accrochages en essayant de passer.

 


Pont Albert Le Lay à Canfranc.

 

 


Canfranc : une voie vers la liberté. Albert Le Lay (1899 - 1988).

La gare aragonaise de Canfranc était aussi le chemin le plus court à travers les Pyrénéens Centrales vers la liberté pour tous ceux qui étaient recherchés par les Nazis. Les Allemands occupaient le côté français de la gare, la partie est, située à 8 km à l’intérieur de l’Espagne. Des voyageurs et des marchandises s’entremêlaient à 1144 mètres d’altitude pour rejoindre le Portugal ou Algéciras et partir vers l’Algérie ou les États-Unis lorsque le côté français n’était pas encore occupé par les Allemands. Alors, des milliers des Juifs traversèrent la frontière par Canfranc pour prendre le train vers Lisbonne. Plus tard, les Allemands arrivèrent et d’autres n’eurent pas les mêmes opportunités de pouvoir traverser la frontière : soit ils n’avaient pas de documents, soit ils allaient à pied, soit ils étaient empêchés d’entrer ou bien ils périrent dans les accrochages en essayant de passer.


 

 
Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.

 

Canfranc a été la seule ville espagnole occupée par les Nazis de novembre 1941 jusqu’en août 1944. Mais les Allemands n'hissèrent le drapeau nazi qu'en novembre 1942. Tel un polar, Canfranc était le point d’échange de wolframium contre de  l’or entre Franco et Hitler et une brigade de la Wehrmacht s’installa à l’hôtel à Canfranc pour imposer sa loi.

 

 


Ouest-France 17 août 2017: article consacré à mon expo photos sur la gare de Canfranc.

 


Certains carabiniers du poste français du Portalet, au risque de leurs vies, accueillaient des réfugiés, des Juifs, des Français ou des militaires alliés pour les conduire à la gare de Canfranc et ensuite à Huesca. Le rapport Eieznstat du Gouvernement des USA confirmé en 1997 que l’Espagne à aidé à des Juifs persécutés par les Nazis.


 

 


Toutes les infos de cet article ont été extraites du livre ci-dessus.

 


Le Comité Conjunto de Distribución Judío-Americano aidait les Juifs qui partaient d’Europe par Lisbonne vers les Etats-Unis. Étant impossible de traverser la frontière par Irun, le seul point accessible vers Lisbonne était Canfranc. Le billet en train Marseille-Lisbonne coûtait entre 35 et 40 dollars en 1941 d’après le porte-parole du Comité Michael Geller. La somme d’argent que le responsable du Comité utilisa pour aider les Juifs entre mai et juin 1942 était de 1114 dollars à Canfranc et les frais les plus importants étaient les billets Berlin-Bilbao-Vigo-Cadix pour un montant de 98.398 dollars.


 

 

Arrivée des infirmières. Représentation de l'inauguration de la gare de Canfranc. 18 juillet 2019.


 


 

Les Alliés ont utilisé le passage frontalier de Canfranc pour communiquer avec la Résistance et créer un réseau d’espionnage qui facilita la défaite d’Hitler. A la tête de ce réseau était le chef de gare français, le breton Albert Le Lay, qui fit le lien entre la Résistance et les Alliés aux ordres du colonel Rémy. Il se chargeait de faire passer de l’argent, des messages, des radios et des machines à microfilmer dans le train qui arrivait de Pau. Lorsqu’il fit découvert par la Gestapo, il réussit à s’évader avec son épouse et son fils Georges en septembre 1943 à pied à travers les rails jusqu’à Sabiñánigo, où il fit accueilli par le consul français Robert Lamit. Avec l’aide de l’ambassade anglaise, il joignit la Résistance en Algérie.


 



Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019. Ci-dessus, Fernando Sánchez Morales, maire de Canfranc.

 

 


Albert Le Lay était arrivé à Canfranc en 1940, après la guerre civile espagnole. Il prit en charge l’école française à Canfranc où les enfants des employés français pouvaient suivre leurs études à 8 km à l’intérieur de l’Espagne. C'était en juin 1940 lorsqu'il commença à aider à traverser la frontière les réfugiés, les Allemands n’étant pas encore arrivés en France. En 1941, Le Lay entre en contact avec le commandant André Manuel pour lui faire part de son souhait de s’engager dans la Résistance française mais, d’après sa fille Jeannine Le Lay qui avait 15 ans à l’époque, « à Canfranc, il pouvait rendre un meilleur service à la France. »


 

 

 


Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.

 

 


Pour vivre à Canfranc, où habitaient la Guardia Civil, la police, l’armée et les gendarmes, il fallait une autorisation spéciale et demander à la Police un aval pour y résider. Le Lay habitait un appartement dans un bâtiment de la gare où espagnoles et français se partageaient les deux étages de ce beau bâtiment de style moderniste de 241. Le Lay était un fonctionnaire très réservé et  très respecté des voisins de Canfranc et la plupart d’entre eux ne savait rien des ses activités en tant que Résistant. Même sa famille a connu quelques de ses activités après sa mort. Grâce à sa discrétion, il avait beaucoup d’amis et put jouer à la perfection son rôle d’espion sans le moindre soupçon. Il a été décoré de la médaille au Gran Mérito Civil par le Gouvernement de Franco dans les années 1960 pour ses bons rapports avec les Espagnols.


 

 


Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.

 

 


Pendant ses années dans la Résistance, réseau dirigé à Pau par le dentiste M Roche, Le Lay allait le visiter sous le prétexte de se faire réviser ses dents. En fait, ils échangeaient des messages clés afin de faciliter le passage des collègues par Canfranc et du matériel. En juin 1941, le côté français à Canfranc se trouvait dans la zone libre française. La plupart des contacts à Pau était des cheminots du Parti Communiste et des Républicains exilés espagnols. Le colonel Rémy, pseudo de Gilbert Renault, se souvient de Le Lay dans son livre dédicacé à Le Lay même et à son épouse « Mémoires d’un agent secret de la France libre, juin 1940 – juin 1942 » : « Le Lay nous a donné les plus précieux services pour que notre courrier puisse traverser la frontière de mars 1941 jusque l’arrêt de Lejuene en novembre de cette année. (…). Il était la providence pour tous les Français qui traversaient Canfranc et sa gentillesse n’avait pas d’égale. »


 

 

 
Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.


 

 

Toute sorte de « marchandises » passait par Canfranc : des messages, de l’argent, du matériel, des espions, des valises, des militaires alliés et même des membres de la Résistance que Le Lay cachait partout, même sous les trains. Une fois, afin de faciliter le passage de plusieurs alliés, Le Lay était en train de blaguer avec les policiers lorsqu’il éteignit les lumières de la gare.









Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.

 

 


Le colonel Rémy avait créé le plus important réseau d’espionnage de la Résistance Française mais l’aide extérieure la plus importante était fournie par Albert Le Lay. Les messages des Alliés partaient de Londres et arrivaient à l’ambassade anglaise à Madrid pour arriver ensuite à Canfranc. Dans l'urgence de la situation, les gens s'engageaient et risquaient leurs vies en faveur de la liberté, en échange, quelques fois, de quelques médailles ou quelques diplômes.


 

 


Représentation de l'inauguration de la gare internationale de Canfranc le 18 juillet 2019.

 

 


Le réseau d’évasion créé par Le Lay vers l’Espagne a permis de sauver des milliers de Juifs, de réfugiés et de résistants. Il leur donnait de l’argent pour acheter un billet, leur donnait à manger ou les accueillait chez lui. Des Japonais et des Canadiens lui ont écrit de très belles lettres pour lui rendre l’argent et lui remercier de son aide. Après la guerre, Mendès France voulait le nommer ministre, poste qu’il n’accepta, préférant sont poste de douanier à Canfranc, où il y resta 12 ans ; ensuite, en 1957 il fut affectait à Bayone. Les États-Unis ont décoré Le Lay de la Médaille d’Argent de la Liberté le 15 août 1945 pour avoir aidé les prisonniers évadés de guerre français et les pilotes alliés abattus par les Allemands à traverser la frontière.


 

 

 


État de la gare en août 2016.

 


Albert Le Lay savait que les Allemands le cherchaient ce 23 septembre 1943, jour où la dernière cargaison d’or allait traverser la frontière. Un ami de Vichy lui avait communiqué que des agents de la Gestapo se dirigeaient vers Canfranc pour l’arrêter le lendemain. Le Lay n’ayant pas de visa pour aller en Espagne, se présenta dans le bureau de son ami Félix Aso, agent espagnol des douanes et propriétaire de la plus prospère agence de Canfranc afin de lui demander de l’aide pour s’évader. M Aso ordonna à José el Paragüero d’accompagner à pied la famille Le Lay jusqu’à La Paúl, à 4 km au sud, juste à côté du cimetière du village de Canfranc où une voiture viendrait les chercher. 

 

 

Ils voulaient partir en faisant semblant de se promener sur les voies, comme il faisait d'habitude avec sa famille. Ils devaient traverser quelques tunnels et un poste de la Guardia Civil à la sortie de Canfranc ville. Lui, son épouse et son fils George s’enfuirent à travers les voies du train tout en simulant une agréable promenade. Ils traversèrent les deux tunnels, le pont en fer sur le ravin d'Ip et, après une descente de la montagne jusqu’à La Paúl, un taxi envoyé par le consul de Sabiñánigo et résistant Robertt Lamit vint les chercher pour les conduire à Saragosse chez Víctor Fairén, professeur de médecine à la faculté de Saragosse. Ensuite, ils partirent vers l’ambassade du Royaume Uni à Madrid où il partit tout seul en voiture diplomatique à Seville. Ensuite, il prit le bateau à Gibraltar pour joindre la Résistance en Algérie.

 



 


État de la gare en août 2016.

 


Sa fille Jeannine de 17 ans resta toute seule à Canfranc le soir et la nuit la peur au ventre et à 6h du matin, elle prit le train vers Saragosse le 24 septembre, chargée de gommer les traces. Traquée par des agents allemands, elle arriva chez le médecin M Fairén à Saragosse. Lorsque les agents demandèrent à Fairén de voir la petite fille, il leur dit qu’elle souffrait de l’angine de Vincent et qu’elle était isolée, que personne pouvait la voir sous risque de contagion et les agents partirent en grondant. En même temps, comme prévu, la Gestapo arriva à Canfranc le 24 à 9h et les deux femmes de ménage qui s'occupaient de la maison dirent que M Le Lay était parti en vacances avec sa famille.







Finalement, les travaux de rénovation de la gare Internationale de Canfranc ont commencé en 2018 et il est prévu de rouvrir la ligne Saragosse-Pau en Septembre 2020. 

 

 

La gare en travaux. Les ardoises du toit ont été remplacées par des tuiles en zinc. Juillet 2019.

 

 
La gare en travaux de rénovation. Juillet 2019.

 

 


L'auteur de ce blog vous dit à bientôt!

 





Œuvres consultées: "Canfranc. El oro y los nazis." Ramón J. Campo. Mira Editores. Zaragoza 2015.



Regardez la vidéo de cet événement:


"VI representación de la inauguración de la estación internacional de Canfranc. 2019."


https://www.youtube.com/watch?v=91Y7meLs0R4&t=5s
 
 
 
 

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Images prises à la gare internationale de Canfranc


le 10 août 2016 et les 15 et 18 juillet 2019


©José María Gil Puchol Productions

Photographe à Loudéac 22600







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